 bubble
 |  Sujet: une femme est une femme (libre) Sam 15 Aoû - 6:00 | |
| alors, dis-moi cosmo, comment on fait un bon blowjob ? comment on arrive à faire perdre la tête à un mec en lui donnant tout ce plaisir ? moi je sais, je sais tout. je sais comment l'emmener au septième ciel avec mes lèvres et ma langue, je sais comment lui couper le souffle avec mes mains délicates. je sais tout, mais je lis quand même. parce que c'est ce que je fais toute la journée. parce que c'est ce qu'il y a de plus intéressant à faire au bureau à tabac pendant le travail. les pages qui glissent entre les doigts, qui sentent le nouveau, le frais. toujours les mêmes conseils écrits de façons différentes. toujours les mêmes trucs beautés qui reviennent encore et encore avec les années qui passent. toujours les mêmes tendances qui s'éteignent et qui renaissent de leurs cendres. pourtant, je m'en lasse pas. je crois que j'arriverais jamais à détourner mes yeux des magazines qui parlent nous shootent aux rêves de perfection. moi aussi, un jour, j'serais aussi parfaite que les mannequins imprimées sur papier glacé. mais en entendant, sucette entre les lèvres, je m'enivre des trucs minceurs du dernier régime miracle pour avoir un cul d'enfer sur la plage.
encore aujourd'hui, j'ai pas le corps rêvé.
même que j'ai pris un kilo.
c'est dégoûtant.
les coudes sur le comptoir, la tête ailleurs, le carillon de la porte d'entrée se fait entendre. mes yeux restent coincés entre les mots minceur et maigrir. |
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 Sol
| | Sujet: Re: une femme est une femme (libre) Mer 19 Aoû - 19:51 | |
| - Spoiler:
(je me permet  )
“achète moi des clopes s’te plait sol”
comme si j’avais la gueule d’un distributeur de clope gratos. kamal profite de moi et même si ça m’agace je dis rien, au moins lui il est là, même si je dois sucer un peu plus pour avoir plus de fric et lui ramener son quotta de clope. c’est qu’il fume presque plus que moi le bâtard.
puis : “où tu vas sol ?” “acheter des clopes” “prends moi un truc à gratter” “ok maman”. je dis ok mais elle gagne jamais. je lui prendrais pas, j’ai que des petites pièces dans le fond de mes poches, soit je suis pauvre soit elles sont craquées. je glisse doucement mon doigts sur les coutures, mais rien. aucun trou. la triste vérité de la cité galaxie : on a rien dans les poches ici, et on a pas grand chose dans le coeur non plus.
le bureau de tabac d’en bas fera l’affaire, y a que ça ici de toute façon.
la petite sonnerie me fait sursauter, comme si j’étais pris en flagrant délit, comme si j’avais encore seize ans et que je voulais paraître plus grand avant de me rappeler que ma voix n’avait même pas muée.
mais je suis grand maintenant, j’ai un peu de barbe et un peu de muscle, j’ai déjà touché des corps et je peux acheter du porno sans qu’on me le reproche.
mon regard dérive sur le petit rayon au loin dans le coin. les images me font grimacer, et encore une fois je me demande pourquoi ça ne m’attire pas. pourquoi les seins ne sont pas si jolies, pour les longs cheveux des filles ne me font pas envie, pourquoi, pourquoi...
puis je me sens observé. elle est à la caisse, et en plus elle est jolie. je crois que je pourrais avoir envie d’elle, sauf que j’ai l’image du corps nu de kamal qui me saute au visage, comme une fenêtre pop-up sur internet, comme un virus qui ne veut pas s’en aller.
je vois le corps de kamal partout où se trouve le corps des autres.
du coup j’ai l’air un peu con, et je me racle la gorge pour faire comme si c’était normal.
- un paquet de malboro, s’te plait, et un.. 'truc à gratter', le moins cher. |
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