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La vie s’emboîte. La ville s’empile d’immeubles. Les rues s’effondrent de cubes. Le monde est un jaw-breaker, un briseur de mâchoire, et il est doué. Mais toi, Tetris, t’es un voyou. Toi Tetris, tu perds la partie, t’es un mauvais perdant d’ailleurs. Toi Tetris t’aimerais te glisser sous la langue des filles et fondre en sucre dans leur abyssale merveille de corps humain bien monté avec deux seins.
Toi Tetris t’as vu naître les créatures angéliques sous des milliers de pixels, t’es persuadé qu’en sortant d’ici tu vas les retrouver, Tetris t’as tord. Tu préfères être éternel et te casser les genoux, toutes les nuits, toutes les nuits sans batterie.

Les nuages sont des briques qui font s’effondrer le bleu du ciel, tu crois, Tetris? Et Tetris, regardes-tu à la fenêtre quand ton pouce rend l’âme contre la manette. Tetris t’as vu ta mère s’enfermer derrière pour se taper un autre de ces boss finals amers. Tetris tu ne sais pas jouer. Tetris t’as bien essayé mais les hommes dehors n’ont pas de dialogue pré-enregistré et t’as peut-être un beau sourire, tes mains moites répugnent les filles. T’es trop nerveux Tetris, depuis que t’as compris que les gens étaient vides comme des parties rebootées, Tetris, t’es trop nerveux depuis qu’tu sais que l’monde est triste, Tetris.

Mais Tetris tu te postes souvent sur le toit pour voir si des météorites s’écrasent sur le goudron de ta ville empêtrée de plateformes inexplorables, Tetris, tu voudrais t’en aller, mais Tetris c’est pas la frontière qui t’électrocutes, c’est que t’as la trouille, fils.

Tetris tu te souviens de quand ton père a frappé dans un mur pour se briser les deux poignets, pourtant tu comprends pas, il se battait si fort, si bien ton père, t’as déchanté. Il a abandonné Mortal Kombat, il abandonné le monde pixels, le monde levels, Papa il est parti, il t’a dit, Game Over, fils.

Comment il a gagné la partie ?
Ça tu sauras pas Tetris.