La main se faufile. La main agit. La main vit. Elle sait qu'elle peut toucher délicatement la belle chevelure brune. La main ne réfléchit pas. La main ne pense pas. La main n'est qu'une main, simple instrument de pensées. Délicats songes, rêves destructeurs, réalité ouragan emportant tout sur son passage. Mais les songes ne vivent que tout là-bas, dans cette cage protégée. Dans ce coeur sacré entouré de fils barbelés. Elle est là. Elle la voit tout en ne voyant rien, tout en ne comprenant pas. Tromperie de chaque instant. Laisser un geste devenir autre. Laisser cette main désireuse et possessive ne devenir qu'un geste anodin, qu'un tout dans leur quotidien. Tout laisser de côté pour ce rien néant, cette amitié faussée.

Mais au fond, tout au fond, le coeur saigne. Le coeur crie. Le coeur se révolte. Il enrage de ce non-sens. Comment peut-elle être si aveugle ? Comment ne peut-elle pas comprendre ? Questions qui resteront à jamais sans réponse, comme cette sérénade à tout jamais coupée. Aimer sans être aimée, pas totalement, pas comme elle aimerait. Pas comme elle le voudrait. Un jour, elle lâchera tout. Un jour, elle n'en pourra plus de ces presque ça. De ces mensonges. De ces gestes qui font ce qu'il ne faut pas. C'est fou le manque. Le manque qui jamais ne s'en va. Le manque de ce petit quelque chose en plus, de cette sensation d'abandon, de cet amour qui battrait à l'unisson. Rêve qui ne devient vérité dans ce petit coeur qui saigne.

Poupée à tout jamais insoupçonnée. Personne ne sait. Personne ne saura cette peur qui la consume et qui dilue à chaque instant sa chance de bonheur. Ne rien dire pour la garder. Pour ne pas savoir ce qu'elle peut bien penser. Un mensonge pour se préserver, pour profiter encore de ses bras, de la douceur de ses lèvres, de cette langue au gout de ciel. Ne vivre qu'à moitié mais vivre au moins un petit peu. Vivre autant qu'elle le peut. Pétillante sucette. Douceur acide. Parfum sucré. Y'a le sourire qui se glisse sur ses lèvres puis les yeux qui pétillent. Y'a la douceur. Mais y'a cette putain de jalousie. Arme de destruction massive. Poison dans ses veines dont elle ne peut se débarrasser. Epuisement de chaque instant. Lutter contre cet instinct. Contre cette envie de tous les envoyez balader, de leur crier qu'ils ne pourront jamais la posséder. Tout comme elle... Petite voix à tout jamais dans son esprit. Petit soupçon de conscience qui ne disparaitra jamais totalement.

Y'a la douceur et puis la violence. Pas de celle qui détruit tout sur son passage. Y'a juste un être qui ne consent pas à se laisser faire. A n'être qu'une petite blonde bien jolie, petite poupée trop peu pour elle. Besoin de contrôle, besoin de ne pas se laisser rabaisser. Pas totalement. Pas par n'importe qui. Elle les emmerde ces imbéciles qui se croient mieux qu'elle. Ils attaquent, elle répond qu'ils soient grands, vieux ou même moches.

La tête toujours tournée vers le ciel, vers ces milliers d'étoiles, entités brillantes en train de s'éteindre. Une à une, elle les attrape, leur susurre quelques mots avant de les rejeter dans le ciel. De leur laisser retrouver leur place. Là, dans le silence de la nuit, personne ne sait ce qui a été révélé. Personne ne connait les secrets tout doucement donné à ces lointaines amies. Personne ne se doute de ces quelques lettres prononcées.

m o n a